Quand l’Archidiocèse de Port-au-Prince prépare l’avenir

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Un signe d’espérance au cœur des épreuves

« L’espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5). En Haïti, cette affirmation de saint Paul résonne avec une intensité particulière. Dans un pays où l’insécurité, la précarité et le manque de perspectives fragilisent l’avenir, certains signes, discrets mais éloquents, témoignent malgré tout d’un demain qui se prépare avec courage et détermination. L’Archidiocèse de Port-au-Prince, en investissant dans la formation intellectuelle et pastorale de ses prêtres, offre un témoignage lumineux de cette espérance en action.

Alors même que des crépitements d’armes automatiques résonnaient dans la capitale haïtienne en ce 24 février 2025, à plus de 6 000 km de distance, le Père Birbeck Plaisir, prêtre de l’Archidiocèse de Port-au-Prince, soutenait sa thèse doctorale en Sciences sociales à l’Université Pontificale Grégorienne de Rome. Dans la « salle des thèses » de l’université, il a brillamment démontré, en présence de confrères prêtres haïtiens, de religieuses, de collègues étudiants et d’amis de la paroisse locale du diocèse de Latina (où il exerce son ministère depuis trois ans), combien ses recherches sur les réseaux sociaux numériques peuvent apporter à la pastorale de la province ecclésiastique du Sud d’Haïti.

« Félicitations, Père Birbeck. Un peu de joie dans une situation douloureuse. Bravo pour tes efforts. Deo gratias. »
Ces mots de Mgr Max Leroy Mésidor, archevêque de Port-au-Prince, accompagnés de nombreux messages de félicitations provenant des prêtres du diocèse, ont constitué un vibrant témoignage de proximité et de soutien pour le Père Birbeck.

« Je suis reconnaissant pour cette enrichissante expérience d’études qui m’a permis de vivre l’universalité de l’Église, notamment grâce à la rencontre de prêtres étudiants venus de plus de 30 pays », a-t-il confié. Après près de sept années passées à Rome, l’heure est désormais au retour au pays, avec une formation solide et riche, pour se mettre au service de la mission.

Une dynamique de formation ecclésiale

Le cas du Père Birbeck n’est pas isolé. En effet, l’engagement de l’Archidiocèse de Port-au-Prince en faveur de la formation continue de ses prêtres témoigne d’une vision pastorale à long terme. Récemment, le Père Marc-Henry Siméon, directeur académique de l’UDERS à Port-au-Prince et porte-parole de la Conférence des évêques d’Haïti, a soutenu une thèse doctorale en droit canonique à l’Institut Catholique de Paris. D’autres prêtres poursuivent également des études dans divers domaines pour renforcer les ressources intellectuelles et pastorales du diocèse. Parmi eux : 

À Rome :

– Le Père Pierre Dalin Domerson termine un doctorat en communication pastorale à l’Université Pontificale Salésienne.

– Le Père Cénald Normil approfondit la théologie spirituelle à la Grégorienne.

– Le Père Ricardo Amazan vient de commencer une spécialisation en philosophie dans cette même université.

En France :

– Le Père Robenson Saturné se consacre à la liturgie à l’Institut Catholique de Paris.

En Espagne :

– Le Père Laurent Narcisse vient de terminer une licence en théologie dogmatique.

Au Canada et aux États-Unis :

– À Ottawa, le Père Yvelt poursuit une spécialisation en innovation sociale.

– À Washington, le Père Luc Philogène, aumônier de la communauté catholique, suit un master en administration.

– À cela s’ajoute le fait que, sur place en Haïti, plusieurs autres prêtres continuent à se former dans des filières telles que l’éducation, le droit, la médecine, l’éthique ou encore l’administration.

Une formation continue pour une mission plus efficace

Les directives du Concile Vatican II, notamment dans le décret Optatam Totius, soulignent la nécessité de « perfectionner la formation sacerdotale, après l’achèvement du cycle d’études du séminaire, particulièrement en raison des circonstances de la société moderne » (OT, 22).

Face aux défis de l’insécurité, de la violence et d’une crise socio-économique qui ne cesse de s’aggraver, ces formations constituent un atout majeur pour l’Église en Haïti. Les prêtres, en approfondissant leurs connaissances et en acquérant de nouvelles compétences, se préparent à accompagner un peuple en souffrance, dans un contexte où la précarité peut miner l’espérance. Ils deviennent ainsi plus aptes à répondre aux problématiques pastorales et sociales d’aujourd’hui, en développant un discernement éclairé et en renforçant leur capacité d’écoute et de conseil.

Nourrir l’espérance, malgré tout

Dans un contexte national marqué par une fuite préoccupante des cerveaux, l’initiative de l’Archidiocèse prend une dimension prophétique. Malgré des ressources limitées, il soutient la formation de ses pasteurs : un investissement qui porte déjà des fruits. Nombre de ces prêtres formés ou en voie de l’être participent activement aux projets pastoraux et aux instances de réflexion de l’Église locale, dans l’espoir de contribuer à la construction d’une société plus stable et plus juste.

« Lorsque nous achèverons nos études, nous reviendrons enrichis de nouvelles connaissances et prêts à servir tant dans l’annonce de l’Évangile que dans la promotion humaine intégrale », affirment plusieurs d’entre eux.

Parallèlement, d’autres prêtres demeurent sur le terrain, dans les zones les plus dangereuses d’Haïti, pour accompagner le peuple de Dieu au quotidien. En affrontant la violence des gangs et l’insécurité grandissante, ils rappellent concrètement que l’espérance ne s’éteint pas, même au cœur de l’épreuve.

L’exemple du Père Birbeck et de ses confrères témoigne d’une Église qui, malgré les tourments et les incertitudes, continue de regarder vers l’avenir. En soutenant la formation intellectuelle et pastorale de ses prêtres, l’Archidiocèse de Port-au-Prince offre un signe concret d’espérance et de résilience pour tout un peuple.

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