Le cardinal Mauro Piacenza, grand pénitencier, a répondu aux questions de Nicola Gori dans L’Osservatore Romano en italien du 5 décembre 2020, à propos des sacrements et des indulgences en temps de pandémie.
La pandémie de covid-19 a soulevé des interrogations au sujet du sacrement de la confession. Comment s’approcher du prêtre dans le respect des règles sanitaires ? Existe-t-il une alternative pour recevoir l’absolution ?
Dans l’urgence de la pandémie, il incombe à l’évêque diocésain d’indiquer aux prêtres et aux pénitents les attentions prudentes à adopter lors de la célébration individuelle de la réconciliation sacramentelle, comme la célébration dans un lieu aéré, éventuellement à l’extérieur du confessionnal, l’adoption d’une distance convenable, l’usage des masques de protection, l’assainissement fréquent de l’environnement, en garantissant toujours une attention absolue à la protection du sceau sacramentel et à la nécessaire discrétion. En outre, il revient toujours à l’évêque diocésain de déterminer – sur le territoire de sa circonscription ecclésiastique et en fonction du niveau de contagion de la pandémie – les cas de grave nécessité pour lesquels il est licite de donner l’absolution collective : par exemple, à l’entrée des services hospitaliers où se trouvent hospitalisés des fidèles contaminés en danger de mort, en utilisant autant que possible et avec les précautions appropriées les moyens d’amplification de la voix pour que l’absolution soit entendue.
La Pénitencerie apostolique accorde-t-elle certaines indulgences liées à la situation d’urgence sanitaire actuelle ?
Bien sûr ! L’indulgence plénière est accordée aux fidèles affectés par le coronavirus, soumis à un régime de quarantaine par disposition de l’autorité sanitaire dans les hôpitaux ou chez eux si, l’esprit détaché de tout péché, ils s’unissent spirituellement, à travers les moyens de communication, à la célébration de la sainte messe ou de la divine liturgie, à la récitation du Rosaire ou de l’hymne Akàthistos à la Mère de Dieu, à la pieuse pratique du Chemin de Croix ou de l’office de la Paràklisis à la Mère de Dieu, ou encore à d’autres prières propres aux traditions orientales, ou à d’autres formes de dévotion. Ou s’ils récitent au moins le Credo, le Notre Père et une pieuse invocation à la bienheureuse Vierge Marie, offrant cette épreuve dans un esprit de foi en Dieu et de charité envers leurs frères, avec la volonté de remplir les conditions habituelles – confession sacramentelle, communion eucharistique et prière aux intentions du Saint-Père – dès que cela leur sera possible.
Avez-vous quelque recommandation à l’attention des médecins, infirmiers et volontaires contaminés par le coronavirus pendant qu’ils soignent les malades ?
Le personnel médical, les proches et ceux qui, à l’exemple du bon Samaritain, s’exposant au risque de contagion, assistent les malades du coronavirus selon les paroles du divin Rédempteur : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13) peuvent obtenir le même don de l’indulgence plénière dans les mêmes conditions. En outre, la Pénitencerie apostolique accorde dans les mêmes conditions l’indulgence plénière à l’occasion de la pandémie actuelle, aux fidèles qui offrent leur visite au Très saint sacrement, ou l’adoration eucharistique, ou la lecture des Saintes Écritures pendant au moins une demi-heure, ou la récitation du chapelet ou de l’hymne acathiste à la Mère de Dieu, ou le pieux exercice du Chemin de Croix, ou la récitation de la couronne de la Divine miséricorde, ou de l’office de la Paràklisis à la Mère de Dieu ou d’autres formes propres aux différentes traditions orientales d’appartenance pour implorer du Dieu Tout-puissant la cessation de l’épidémie, le soulagement pour ceux qui en sont affligés et le salut éternel de ceux que le Seigneur a rappelés à lui.
Si une personne est en train de mourir à cause de la covid-19 et qu’il ne lui est pas possible d’accéder aux sacrements parce qu’elle est en quarantaine, que prévoit la Pénitencerie apostolique ?
Dans les cas où les fidèles se trouveraient dans la douloureuse impossibilité de recevoir l’absolution sacramentelle, que l’on garde à l’esprit que la contrition parfaite, provenant de l’amour de Dieu aimé par-dessus tout, exprimée par une sincère demande de pardon – celle que le pénitent est à ce moment-là en mesure d’exprimer – et accompagnée de la ferme résolution de recourir, dès que possible, à la confession sacramentelle, obtient le pardon des péchés, même mortels, comme l’affirme le Catéchisme de l’Église catholique au numéro 1452. C’est un motif de réconfort de savoir que l’Église prie pour ceux qui se trouveraient dans l’impossibilité de recevoir le sacrement de l’onction des malades et du viatique, confiant à la miséricorde divine tous et chacun en vertu de la communion des saints et qu’elle accorde au fidèle l’indulgence plénière au moment de la mort, pourvu qu’il soit bien disposé et qu’il ait récité des prières de manière habituelle pendant sa vie (dans ce cas, l’Église supplée aux trois conditions requises habituellement).
Peut-on utiliser les smartphones ou d’autres moyens de communication sociale pour se confesser ?
Nous pouvons affirmer la probable invalidité de l’absolution donnée par ces moyens. En effet, il manque la présence réelle du pénitent et il n’y a pas de réelle transmission des paroles de l’absolution ; il s’agit seulement de vibrations électriques qui reproduisent la parole humaine.
Étant donnée la gravité de la situation sanitaire, sociale et économique, pour ceux qui ne peuvent pas participer à la messe dominicale, le précepte d’écouter la célébration à la radio, en streaming ou à la télévision est-il valide ?
Rien ne peut remplacer la participation à la sainte messe en présence. Dans les situations où il n’est pas possible de se rendre à la messe les jours de fête, l’obligation cesse sans que l’on doive remplacer par autre chose l’absence de participation. Certes, si celui qui est empêché pour une raison valable assiste à la célébration à la télévision, il fait un acte de piété spirituellement utile.